Les Lacènes est probablement la pièce tragique la moins étudiée d’Antoine de Montchrestien. Pourtant, cette tragédie constitue un objet d’étude fécond : non seulement parce que l’auteur y développe une série de questions de nature politique et philosophique se révélant cruciales dans toute sa production littéraire, de la colère du souverain au thème de la vengeance, de l’importance de la clémence à la valeur de la constance, en passant par l’acte du suicide, mais aussi en raison du rôle que le dramaturge de Falaise accorde aux figures féminines, dont l’importance est évidente à partir du titre. Dans cet article, nous nous proposons de mettre en lumière de nouvelles voies de réflexion en étudiant le lien étroit qui existe entre la dimension politique caractérisant cette tragédie, qui implique notamment des considérations consacrées à la figure du tyran, et la méditation sur la condition humaine de l’auteur, qui se traduit dans l’éloge de l’honneur, de la constance et de l’heureux trépas. Véritable théâtre de la pensée politique et existentielle de Montchrestien, Les Lacènes constituent un travail particulièrement complexe, où les préceptes de la philosophie stoïcienne et les enseignements de Montaigne s’imposent comme instruments de liberté dont s’empare le peuple spartiate dans sa bataille contre le tyran.
Averoldi, Valeria,
"Que tout soit esbranlé, son ame ne chancele": Les Lacènes (1604) d'Antoine de Montchrestien entre tyrannie, constance et heureux trépas«L'UNIVERSO MONDO»
, vol. 51
, 2024
, pp. 1-27